«Qualis nobis est via?»
Or il découle précisément de cette « unicité » de la spiritualité chrétienne que, si une spiritualité n'est pas œcuménique – c'est-à-dire si elle ne tient pas compte de l'oikouméne où sont situées les Églises –, cette spiritualité ne sera pas authentiquement chrétienne, dans la mesure où il lui manquera certaines dimensions qui devraient lui être propres: elle apparaîtra dès lors appauvrie. Une grande vigilance est donc requise, car l'œcuménisme peut toujours être vécu, dans les moments d'enthousiasme comme dans ceux de crise, comme une simple option, qui serait réservée à certains spécialistes ou aux seuls volontaires! Comme le soulignait Jean-Paul II dans l'encyclique Ut unum sint, « l’œcuménisme n’est pas qu’un ‘appendice’ quelconque qui s’ajoute à l’activité traditionnelle de l’Église. Au contraire, il est partie intégrante de sa vie et de son action » (UUS 20). Pour cette raison, les chrétiens n'ont jamais à renoncer à accomplir toutes les tentatives et tous les efforts qui se présentent à eux en vue de l'unité; ils ne peuvent pas avancer sans les autres, ils ne peuvent pas négliger de tenir compte les uns des autres, car le baptême, quoi qu'il en soit, les a déjà incorporés au Christ; et s'il n'y a pas de communion ni d'harmonie parmi les membres du corps du Christ, celui-ci apparaît dans l'histoire et aux yeux des hommes comme un corps monstrueux et gravement infirme. La saison que nous traversons nous empêche également de nous bercer de l'illusion que l'œcuménisme est un chemin irréversible pour les Églises; car il s'agit en réalité d'une attitude, d'une pratique de vie menée selon la forme de l'Évangile et suivant le style de vie de Jésus, mais qui peut malheureusement toujours être contredite par les Églises et par les chrétiens à travers des actes, des paroles, des sentiments qui sont de l'ordre du péché, et blessent l'Évangile ainsi que le commandement nouveau que Jésus a laissé à ses disciples.