Une espérance pour tous


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C’est là la radieuse espérance que les chrétiens devraient, aujourd’hui encore, annoncer aux hommes et aux femmes au milieu de qui ils vivent, si assoiffés de sens, si désireux d’espérance, à ce point habités par une attente plus grande que leur cœur même. Il s’agit, pour les chrétiens, d’aller, de se tenir parmi les autres avec la même joie que celle avec laquelle Dieu est venu parmi nous dans le Fils, l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous, qui ne peut ni ne doit jamais devenir le Dieu-contre-les-autres. Alors Noël — non seulement celui des chrétiens, mais aussi celui «de tout le monde», même ce climat contagieux de bonté qui vainc l’hypocrisie d’un bonisme inepte — ne finira pas consumé dans la consommation de quelques heures et de nombreux biens, ni ne s’éteindra avec la dernière bougie, et ne connaîtra pas l’avilissement des «soldes» de fin de saison, mais se dilatera en se multipliant dans le vécu quotidien: ce sera le gage d’une vie plus humaine, habitée par des relations authentiques et par le respect de l’autre, une vie riche de sens, capable d’exprimer par des gestes et des paroles la beauté et la lumière, reflets de cette lumière qui brilla dans la nuit profonde de Bethléem et qui doit briller aujourd’hui encore dans tous les lieux plongés dans les ténèbres de la douleur et du non-sens. Les chrétiens savent, par la foi, que Dieu a voulu se compromettre radicalement avec l’humanité en se faisant homme; ils savent qu’il est entré dans l’histoire pour orienter celle-ci définitivement vers l’issue du salut; ils savent qu’il a assumé la fragilité de l’homme exposé aux offenses de son propre mal pour vaincre le mal et la mort. Et cette «connaissance» qu’ils ont, ils sont appelés à en témoigner, en assumant chaque jour la pauvreté, l’abaissement, pour rencontrer l’autre, conscients que ce qui unit les hommes est plus grand que ce qui les différencie et les oppose.

Si les chrétiens, à Noël, sont dans la joie, ce n’est pas un privilège qui leur est réservé, ni un don qui serait rendu vain si on le partageait. Bien au contraire, il ne leur est en aucun cas permis d’en prendre possession et d’en faire leur exclusivité: ils ne peuvent pas soustraire le Christ à l’humanité, à laquelle il a été envoyé par le Père. Oui, Noël est l’invitation à une espérance, et cette espérance est offerte à tous.

Enzo Bianchi

Extrait de Enzo Bianchi, Donner sens au temps, Bayard, 2004.