Une espérance pour tous


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Une hymne chrétienne du IVe siècle, forte de cette compréhension du mystère de l’incarnation, chantait la festivité de Noël en ces termes: «Tandis que la nuit profonde / sombre et tranquille / enveloppait de silence les vallées et les collines / le Fils de Dieu naquit d’une vierge / et obéissant, à la volonté du Père, / commença sa vie d’homme sur la terre.» Le début d’une vie d’homme sur la terre: peut-être est-ce précisément pour cette extrême simplicité que le message de Noël est à ce point universel. Bien que ce soit là l’annonce d’un grand mystère, le message en est parfaitement simple, à la portée de tous, à commencer par les pauvres bergers de Bethléem. Ce fils d’homme qui naît passera de façon plutôt ordinaire la majeure partie de sa vie; il passera parmi les autres hommes en faisant le bien, il accomplira le grand miracle de la communion retrouvée avec Dieu et avec les autres, en se servant de signes et de prodiges liés aux besoins essentiels de l’homme: le pain et le vin multipliés, la santé redonnée, la nature à nouveau réconciliée avec l’homme, la fraternité rétablie, la vie réaffirmée comme plus forte que la mort. Et c’est ce bien au quotidien, ce bien trop grand pour que les bénéficiaires puissent l’attribuer à lui seul, qui le fera reconnaître comme le Fils de Dieu. N’est-ce pas aussi pour cela que l’apôtre Paul affirme que la manifestation du Christ dans la chair est finalisée à «nous enseigner à vivre dans le monde» (cf. Tt 2,11-12)?

A Noël, les chrétiens célèbrent ce mystère déjà advenu — la venue de Dieu dans la chair de Jésus — comme une promesse et une garantie de ce qu’ils attendent encore: que Dieu soit dans l’humanité entière et que toute l’humanité soit faite Dieu. Mais si tel est le fondement de la fête, alors la joie qui l’habite ne peut être l’objet d’aucune «exclusivité»: elle est une grande joie «pour tout le peuple» (Lc 2,10), pour l’humanité entière, destinataire de l’amour de Dieu. Les chrétiens ne peuvent en aucune manière prendre possession de Noël, en le soustrayant aux autres; ils ne peuvent jamais emprisonner l’espérance qui est une aspiration au cœur de tous. Si, en Jésus, le Créateur s’est fait créature, l’Éternel s’est fait mortel, le Tout-Puissant s’est dénué de sa force, c’est pour que l’homme puisse devenir le Fils même de Dieu. Nous sommes là face à cet «admirabile commercium», à ce «merveilleux échange» à travers lequel les Pères de l’Église des premiers siècles cherchaient à expliquer à leurs contemporains l’événement qui avait non pas tant changé le cours de l’histoire, mais bien plutôt redonné à l’histoire tout son sens.