La "joyeuse tristesse" de la componction

Lecture des Pères

 Comment ce qu'on nomme affliction et tristesse peut-il contenir, dans son sein, tant de joie et d'allégresse?

 


Quand je considère la nature de la componction, je suis frappé d'étonnement: comment ce qu'on nomme affliction et tristesse peut-il contenir, caché dans son sein, tant de joie et d'allégresse, comme la cire renferme le miel ? Quelle leçon devons-nous donc en tirer ? C'est qu'une telle componction doit être reconnue, d'une façon très spéciale, comme un don du Seigneur. Il n'y a plus alors dans l'âme le plaisir sans plaisir véritable, mais Dieu console d'une manière secrète le coeur brisé.

Au commencement, dès qu'un petit enfant voit son père, il est tout rempli de joie. Mais si le père s'absente à dessein quelque temps et revient ensuite, l'enfant est à la fois joyeux et triste. Joyeux de revoir celui qu'il aime, et triste d'avoir été si longtemps privé de ce bien qui le ravit.

Il arrive que la mère d'un petit enfant se cache; en voyant avec quel chagrin il la cherche, elle est toute joyeuse; elle lui apprend ainsi à s'attacher inséparablement à elle, et elle allume fortement en lui un attachement passionné à son égard. «Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ! » dit le Seigneur (cf. Lc. 14,35).

Jean Climaque, L’échelle sainte VII,50.57-58