Conclusions du colloque
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2. « Repentez-vous, car le Royaume de Dieu est tout proche. » Ce
sont les premières paroles de Jésus dans son ministère public. Inlassablement,
les apôtres et les Pères exhortent le chrétien à la repentance (metanoia).
L’homme se reconnaît faible et pécheur devant Dieu et devant ses frères, et met
sa confiance en la miséricorde de Dieu. La tradition monastique attachera la
plus grande importance au repentir intérieur et extérieur. Dieu ne dédaigne pas
un cœur contrit et humilié (cf. Ps 50,19). Saint Jean Climaque, en particulier,
fait l’éloge du deuil (penthos), de
la componction (katanyxis) et des
larmes. Les larmes constituent-elles un nouveau baptême ? Ne devrions-nous
pas plutôt comprendre qu’elles renouvellent la grâce du baptême ? Quoi
qu’il en soit, la question posée touche au rapport entre l’ordre sacramentel et
l’expérience spirituelle intime du
chrétien et du moine.
3. Le combat spirituel est ascèse.
Avec saint Maxime le Confesseur, nous pouvons interpréter le mot comme
signifiant « entraînement discipliné » (disciplined training). L’ascèse est intérieur et extérieure. Elle a
pour but, avec l’aide du Saint-Esprit, de purifier le cœur en disciplinant les
pensées de l’âme et les passions du corps. La praktiké, le labeur du combat contre les passions désordonnées et
pour l’acquisition des vertus(de la crainte de Dieu à l’amour) est le long
chemin de la repentance ou conversion.
En dehors de quatre témoignages sur la formation à la vie spirituelle
aujourd’hui en Grèce, en Bulgarie, en Serbie et en Russie, et abstraction faite
des conseils des saints Barsanuphe et Jean de Gaza (VIe siècle), si
opportunément actualisés, il a été peu question, somme toute, de la lutte
contre les péchés et les vices. Peut-être même pas suffisamment. Avons-nous
assez pris en considération la lutte contre le malin, combattu par Jésus au
désert et au jardin de Getsémani, et don nous demandons notre Père au ciel,
dans l’oraison dominicale, de nous délivrer ?
A plusieurs reprises, cependant, nous avons réfléchi à la racine du péché
et des vices : la philautie (philautia).
Pouvons-nous la définir comme l’idolâtrie de soi ? Elle se comprend mieux
en la mettant en contraste avec la kénose et l’humanité de Jésus évoquée en Ph
2,6-11. Il ne s’approprie pas, il ne saisit pas comme une proie son être-Dieu,
il se décentre vers le Père et vers notre humanité. Son ascèse est celle de
l’obéissance du nouvel Adam (cf. Rm 5).
Sans doute devons-nous rattacher l’ouverture des pensées du cœur (exagoreusis) dans cette perspective de
l’apprentissage de l’obéissance d’amour de Jésus-Christ.