Communiqué de presse final
La relation entre l’exégèse et la vie spirituelle a été approfondie et débattue lors de la table ronde consacrée à La Bible dans l’expérience monastique aujourd’hui, présidée par le fr. Adalberto Mainardi, avec les apports de l’higoumène Iakovos de Petraki, de l’archimandrite Serghei de New Valamo, de l’higoumène Petr Meš?erinov du monastère Danilov de Moscou, du père Cesare Falletti, prieur du monastère cistercien Dominus tecum, du père Christopher Savage de New Skete aux États-Unis. La présence de nombreux moines et moniales, orthodoxes, catholiques et protestants, venant de monastères de Grèce, Russie, Syrie, Serbie, Bulgarie, Roumanie, Finlande, du mont Sinaï, de l’Arménie, Éthiopie, Égypte, États-unis, Belgique, Angleterre, France et Italie, a été un signe encourageant pour mesurer l’urgence d’une présence renouvelée de l’Écriture, non seulement dans la piété personnelle du moine et du chrétien, mais dans tous les domaines de la vie communautaire. On a besoin d’une véritable « pédagogie » au discernement de la Parole de Dieu, car ce discernement est souvent très difficile à cause du manque de véritables guides spirituels.
Parmi le questions soulevées pendant les discussions, plusieurs ont été reprises par les deux conférences de la dernière journée, qui ont tracé idéalement une synthèse des travaux du Colloque. « Il n’y a aucune spiritualité et aucune conduite de vie orthodoxe véritable et authentique », a déclaré le Métropolite Elpidophoros de Bursa, « si elle n’est pas fondée sur les Écritures saintes et si elle n’est pas inspirée par celles-ci : l’Écriture Sainte est la source, le commencement et le fondement de ce que l’on appelle ‘spiritualité orthodoxe’. La spiritualité orthodoxe ne se limite pas à de belles idées, à de pensées sublimes et à de réflexions charmantes ; il s’agit plutôt d’un ethos ecclésial équilibré et authentique, un style de vie pur, un comportement vertueux, une attitude et une conduite de vie précis ... La spiritualité c’est la grâce d’une vie vécue dans l’Esprit Saint ; c’est une vie purifiée par l’Esprit Saint, après un combat mené en vue de la pureté ». En découle une mission spéciale pour l’Église : celle de « se rapprocher aimablement des hommes pour leur apprendre à aimer et à être aimé. Chacun de nous – comme on lit dans les apophtegmes des Pères du désert – est appelé à devenir ‘comme le feu’, pour toucher le monde avec la force mystique de la Parole de Dieu, de sorte que … le monde même puisse dire : ‘Quelqu’un m’a touché’ (cf. Mt 9,20) ».
Cette nécessité de conjuguer l’écoute de la Parole de Dieu avec l’écoute de l’humanité contemporaine, a été largement partagée par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, qui dans sa conférence a déclaré « certainement fausse » l’idée que « le chrétien orthodoxe doive rejeter la critique biblique, car elle serait issue des études du milieu protestant ». «Les études historico-critiques aident à reconstituer le contexte historique de l’Écriture, à mieux comprendre comment les mots de l’Écriture étaient compris par ses premiers lecteurs et auditeurs ». Si « sur la base des présupposés mêmes de la science biblique moderne, l’interprétation spirituelle de l’Écriture, fondamentale pour les saints Pères, reste en dehors du champ visuel », il convient de rappeler que la méthode historico-critique et l’herméneutique biblique spirituelle « se penchent sur la Bible à partir de deux points de vue différents », mais « ces points de vue ne sont pas en conflit l’un avec l’autre ». « La tradition orthodoxe conçoit les Écritures comme un fondement », a poursuivi le métropolite Hilarion : « Le chrétien orthodoxe doit connaître la Bible et vivre selon la Bible. Être un chrétien orthodoxe sans connaître la Bible est absurde et trompeur ». D’où la nécessité, pour l’Église orthodoxe russe, d’une nouvelle traduction qui prenne « en compte les résultats de la science contemporaine » et qui emploie « toute la palette des moyens de la langue littéraire russe pour transmettre la beauté et la multiformité des textes bibliques … sans s’éloigner de la tradition ecclésiale ».