Discours en l'honneur du métropolite Emilianos Timiadis
C’est à l’époque déjà évoquée du Concile, cette période de nouveau printemps pour l’Église, de “nouvelle pentecôte” – selon l’expression prégnante du pape Jean XXIII – que remonte le rapport de profonde communion du métropolite Emilianos avec frère Enzo Bianchi et la communauté de Bose. Cette amitié a commencé par une visite à Bose en 1968 déjà, quand la Communauté en tant que telle n’en était qu’à ses tout premiers pas, et non faciles, et cette relation est allée en s’approfondissant et en s’affinant, année après année, d’une rencontre à l’autre, jusqu’à la décision de monseigneur Emilianos – décision qui nous a rempli d’étonnement et de joie en raison du don immérité qu’elle constituait pour nous – de venir vivre dans notre monastère, comme moine parmi les moines, dès le mois d’octobre 1995. En partageant une bonne partie de l’année la vie commune des frères et des sœurs à Bose, le métropolite Emilianos n’a cessé de “penser” de manière ecclésialement catholique, c’est-à-dire “selon le tout”, en harmonie avec cette unité qui est dans le cœur et dans l’esprit de Dieu et que Dieu attend de ses disciples.
Les frères et les sœurs de la Communauté, tout comme les nombreux hôtes qui viennent à Bose et qui ont l’occasion de l’écouter, sont toujours plus étonnés par la simplicité et la dynamique évangélique de ce “père” qui, à plus de quatre-vingts ans, continue d’imaginer, de projeter, de stimuler l’Église d’aujourd’hui et de demain. Comment transmettre la foi aux générations futures, comment “redire” le Christ dans un langage compréhensible aujourd’hui, comment aller à l’essentiel de notre foi dans la liberté évangélique, même face à des traditions humaines vénérables, comment redonner un sens chrétien à une société qui semble oublier ses propres racines: c’est de cela qu’est faite la “sollicitude pour toutes les Églises” qui bat dans le cœur du métropolite Emilianos. Écouter ce cœur, en sentir les battements nous fait percevoir quelque chose de ce que devaient être les pères de l’Église des premiers siècles et, tout à la fois, nous les fait sentir tout proches, familiers, vivants au milieu de nous, capables encore de faire surgir des trésors insoupçonnés de sagesse évangélique, si nécessaires de nos jours.
Et puisque nous sommes réunis ici à l’occasion de l’ouverture de l’année académique de l’Institut de théologie, permettez-moi de conclure en vous révélant le grand désir que le métropolite Emilianos ne cesse de cultiver: la naissance d’une grande Faculté de théologie œcuménique pour l’Europe, qui soit en mesure non seulement de réunir les meilleurs théologiens du continent, à quelque confession qu’ils appartiennent, mais surtout de raviver la foi des nouvelles générations chrétiennes, de préparer des hommes et des femmes renouvelés selon l’Évangile, capables d’être parmi leurs contemporains cette “unité” en vertu de laquelle le monde pourra croire que Jésus Christ est l’unique Seigneur de nos vies.
Enzo Bianchi