Warning: getimagesize(images/preghiera/vangelo/16_avvento/16_11_27_avvento_inglese.jpg): failed to open stream: No such file or directory in /home/monast59/public_html/plugins/content/multithumb/multithumb.php on line 1563

Warning: getimagesize(images/preghiera/vangelo/16_avvento/16_11_27_avvento_inglese.jpg): failed to open stream: No such file or directory in /home/monast59/public_html/plugins/content/multithumb/multithumb.php on line 1563

Une espérance pour tous


Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /home/monast59/public_html/templates/yoo_moustache/styles/bose-home/layouts/article.php on line 44

Lire la suite : Une espérance pour tous
Les fêtes chrétiennes 
par ENZO BIANCHI

A Noël, les chrétiens célèbrent ce mystère déjà advenu — la venue de Dieu dans la chair de Jésus

 

L’événement que les chrétiens célèbrent à Noël n’est pas une apparition de Dieu parmi les hommes: c’est la naissance d’un enfant que Dieu seul pouvait donner à l’humanité, un enfant «né d’une femme» (Gal 4,4) mais qui venait de Dieu, et qui de Dieu devait être le récit et l’explication. La naissance de celui qui est Seigneur et Dieu ne doit pas être comprise dans un sens métaphorique, mais dans toute l’épaisseur de son sens réel, historique, que l’évangile met en évidence en le qualifiant de «signe». En effet, en racontant la naissance de Jésus, l’évangéliste Luc répète bien trois fois les mêmes paroles pour indiquer l’image à regarder sans distraction: «un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire» (Lc 2,7.12.16)! Oui, il y a certes la lumière qui resplendit et qui enveloppe les bergers, il y a aussi la gloire divine qui inspire une grande crainte, il y a bien le chœur des anges qui chante la paix pour les hommes, aimés de Dieu, mais tout cela n’est que le cadre qui met en valeur le tableau et cherche à nous révéler le sens de ce qu’il renferme.

Le signe que les bergers reçoivent à l’annonce des anges est d’une extrême simplicité, c’est un signe pauvre, un signe appartenant à l’humanité pauvre: un enfant naît, mais dans la pauvreté d’une étable; un enfant naît, fils d’un couple d’époux pauvres; un enfant naît, à qui a été nié l’hospitalité. Le signe de Noël est tout entier là-dedans! Pourtant, l’enfant est proclamé Messie: le Sauveur et Seigneur est un enfant pauvre, un fils de pauvres, né dans la pauvreté!

Si les chrétiens, dans leur foi, ne gardaient pas vif le lien entre l’enfant et le Seigneur, entre la pauvreté et la gloire, ils ne comprendraient pas la vérité de Noël. Et les chrétiens, malheureusement, sont toujours tentés de cacher la pauvreté nue du nouveau-né. Ils voudraient découvrir sa gloire dans la puissance et dans le succès; mais l’icône authentique de Noël dément radicalement leurs désirs.


Une hymne chrétienne du IVe siècle, forte de cette compréhension du mystère de l’incarnation, chantait la festivité de Noël en ces termes: «Tandis que la nuit profonde / sombre et tranquille / enveloppait de silence les vallées et les collines / le Fils de Dieu naquit d’une vierge / et obéissant, à la volonté du Père, / commença sa vie d’homme sur la terre.» Le début d’une vie d’homme sur la terre: peut-être est-ce précisément pour cette extrême simplicité que le message de Noël est à ce point universel. Bien que ce soit là l’annonce d’un grand mystère, le message en est parfaitement simple, à la portée de tous, à commencer par les pauvres bergers de Bethléem. Ce fils d’homme qui naît passera de façon plutôt ordinaire la majeure partie de sa vie; il passera parmi les autres hommes en faisant le bien, il accomplira le grand miracle de la communion retrouvée avec Dieu et avec les autres, en se servant de signes et de prodiges liés aux besoins essentiels de l’homme: le pain et le vin multipliés, la santé redonnée, la nature à nouveau réconciliée avec l’homme, la fraternité rétablie, la vie réaffirmée comme plus forte que la mort. Et c’est ce bien au quotidien, ce bien trop grand pour que les bénéficiaires puissent l’attribuer à lui seul, qui le fera reconnaître comme le Fils de Dieu. N’est-ce pas aussi pour cela que l’apôtre Paul affirme que la manifestation du Christ dans la chair est finalisée à «nous enseigner à vivre dans le monde» (cf. Tt 2,11-12)?

A Noël, les chrétiens célèbrent ce mystère déjà advenu — la venue de Dieu dans la chair de Jésus — comme une promesse et une garantie de ce qu’ils attendent encore: que Dieu soit dans l’humanité entière et que toute l’humanité soit faite Dieu. Mais si tel est le fondement de la fête, alors la joie qui l’habite ne peut être l’objet d’aucune «exclusivité»: elle est une grande joie «pour tout le peuple» (Lc 2,10), pour l’humanité entière, destinataire de l’amour de Dieu. Les chrétiens ne peuvent en aucune manière prendre possession de Noël, en le soustrayant aux autres; ils ne peuvent jamais emprisonner l’espérance qui est une aspiration au cœur de tous. Si, en Jésus, le Créateur s’est fait créature, l’Éternel s’est fait mortel, le Tout-Puissant s’est dénué de sa force, c’est pour que l’homme puisse devenir le Fils même de Dieu. Nous sommes là face à cet «admirabile commercium», à ce «merveilleux échange» à travers lequel les Pères de l’Église des premiers siècles cherchaient à expliquer à leurs contemporains l’événement qui avait non pas tant changé le cours de l’histoire, mais bien plutôt redonné à l’histoire tout son sens.


C’est là la radieuse espérance que les chrétiens devraient, aujourd’hui encore, annoncer aux hommes et aux femmes au milieu de qui ils vivent, si assoiffés de sens, si désireux d’espérance, à ce point habités par une attente plus grande que leur cœur même. Il s’agit, pour les chrétiens, d’aller, de se tenir parmi les autres avec la même joie que celle avec laquelle Dieu est venu parmi nous dans le Fils, l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous, qui ne peut ni ne doit jamais devenir le Dieu-contre-les-autres. Alors Noël — non seulement celui des chrétiens, mais aussi celui «de tout le monde», même ce climat contagieux de bonté qui vainc l’hypocrisie d’un bonisme inepte — ne finira pas consumé dans la consommation de quelques heures et de nombreux biens, ni ne s’éteindra avec la dernière bougie, et ne connaîtra pas l’avilissement des «soldes» de fin de saison, mais se dilatera en se multipliant dans le vécu quotidien: ce sera le gage d’une vie plus humaine, habitée par des relations authentiques et par le respect de l’autre, une vie riche de sens, capable d’exprimer par des gestes et des paroles la beauté et la lumière, reflets de cette lumière qui brilla dans la nuit profonde de Bethléem et qui doit briller aujourd’hui encore dans tous les lieux plongés dans les ténèbres de la douleur et du non-sens. Les chrétiens savent, par la foi, que Dieu a voulu se compromettre radicalement avec l’humanité en se faisant homme; ils savent qu’il est entré dans l’histoire pour orienter celle-ci définitivement vers l’issue du salut; ils savent qu’il a assumé la fragilité de l’homme exposé aux offenses de son propre mal pour vaincre le mal et la mort. Et cette «connaissance» qu’ils ont, ils sont appelés à en témoigner, en assumant chaque jour la pauvreté, l’abaissement, pour rencontrer l’autre, conscients que ce qui unit les hommes est plus grand que ce qui les différencie et les oppose.

Si les chrétiens, à Noël, sont dans la joie, ce n’est pas un privilège qui leur est réservé, ni un don qui serait rendu vain si on le partageait. Bien au contraire, il ne leur est en aucun cas permis d’en prendre possession et d’en faire leur exclusivité: ils ne peuvent pas soustraire le Christ à l’humanité, à laquelle il a été envoyé par le Père. Oui, Noël est l’invitation à une espérance, et cette espérance est offerte à tous.

Enzo Bianchi

Extrait de Enzo Bianchi, Donner sens au temps, Bayard, 2004.

L'entrée en Avent


Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /home/monast59/public_html/templates/yoo_moustache/styles/bose-home/layouts/article.php on line 44

Multithumb found errors on this page:

There was a problem loading image 'images/preghiera/vangelo/16_avvento/16_11_27_avvento_inglese.jpg'
There was a problem loading image 'images/preghiera/vangelo/16_avvento/16_11_27_avvento_inglese.jpg'
Lire la suite : L'entrée en Avent

par ENZO BIANCHI
Le chrétien est celui qui reste vigilant chaque jour et chaque heure, sachant que le Seigneur vient. Mais les chrétiens attendent-ils encore, et avec conviction, la venue de leur Seigneur?

Les fruits de l'amour


Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /home/monast59/public_html/templates/yoo_moustache/styles/bose-home/layouts/article.php on line 44

Lire la suite : Les fruits de l'amour
Les fêtes chrétiennes
par ENZO BIANCHI
La fête de tous les saints est le mémorial de l’automne glorieux de l’Église, la fête contre la solitude, contre tout isolement

1er novembre

 

Ces dernières décennies, on a proclamé un nombre élevé de saints et de bienheureux: jamais l’Église n’avait connu une saison aussi riche de canonisations, signe par ailleurs que le témoignage chrétien a atteint une «catholicité» étendue. Pourtant nombreux sont ceux, dans l’Église et au dehors, qui ont la sensation de ne pas connaître de saints «proches», de ne pas parvenir à discerner «l’ami de Dieu» (selon la magnifique définition patristique du saint) dans leur voisin de pallier, dans le chrétien quotidien. Cela est dû peut-être aussi au fait que nous vivons dans une culture où l’on privilégie l’apparence, où «même la sainteté se mesure en pouces» (comme l’a dit quelqu’un). Nombreux sont ceux, alors, qui cherchent non pas le disciple du Seigneur, mais l’ecclésiastique à succès, celui qui draine les foules, le leader d’opinion capable de paroles sociologiques, politiques, économiques ou éthiques, la star médiatique à qui l’on demande une parole à bon marché sur n’importe quel événement, en le faisant apparaître éloquent sans tenir compte de la consistance de son cheminement à la suite du Seigneur.

Mais c’est précisément dans cette recherche ambiguë de sainteté autour de nous que nous vient en aide la fête de tous les saints, la célébration de la communion des saints du ciel et de la terre. Oui, au cœur de l’automne, après les moissons, les récoltes et les vendanges dans nos campagnes, l’Église nous invite à contempler la moisson de tous les sacrifices vivants offerts à Dieu, celle de ces vies retournées au Seigneur, la récolte auprès de Dieu de tous les fruits murs qu’ont suscités l’amour et la grâce du Seigneur parmi les hommes. La fête de tous les saints est vraiment un mémorial de l’automne glorieux de l’Église, la fête contre la solitude, contre tout isolement qui afflige le cœur de l’homme: s’il n’y avait pas les saints, si nous ne croyions pas «à la communion des saints» — qui ne fait certainement pas partie de notre profession de foi par hasard — nous serions enfermés dans une solitude désespérée et désespérante. Or en ce jour, nous pouvons chanter: «Nous ne sommes pas seuls, nous sommes une communion vivante!»; nous pouvons entonner à nouveau le chant pascal car, si à Pâques nous contemplions le Christ vivant pour toujours à la droite du Père, à la Toussaint, grâce aux énergies de la résurrection, nous contemplons ceux qui sont avec le Christ à la droite du Père: les saints. À Pâques, nous chantions que la vigne était vivante, ressuscitée; à la Toussaint, l’Église nous appelle à chanter que les sarments, taillés et greffés par le Père sur la vigne qu’est le Christ, ont donné leur fruit, qu’ils ont produit une vendange abondante, et que ces grappes, cueillies et pressées ensemble, forment un vin unique, celui du Royaume.


En ce jour, nous contemplons ce mystère: les morts pour le Christ, avec le Christ et en Christ sont vivants avec lui et, puisque nous somme membres du corps du Christ et qu’eux sont membres glorieux du corps glorieux du Seigneur, nous sommes en communion les uns avec les autres, formant ensemble le corps unique et total du Seigneur. Le 1er novembre, de nos assemblées ecclésiales, monte le parfum de l’encens, signe du lien avec l’Église d’en-haut, la Jérusalem céleste, vivante et glorieuse auprès de Dieu, avec le Christ, pour toujours, et qui attend que le nombre de ses fils soit parachevé.

Voilà le fort appel qui résonne pour nous à la Toussaint: redécouvrir le saint à côté de nous, sentir que nous faisons partie d’un unique corps. C’est cette conscience qui a nourri la foi et le chemin de sainteté de nombreux croyants, des premiers siècles jusqu’à nos jours: des hommes et des femmes cachés, capables de vivre au quotidien la résistance lucide à des idolâtries toujours nouvelles, dans la soumission patiente à la volonté du Seigneur, dans l’amour pour tout être humain, image du Dieu invisible. Le saint devient alors une présence efficace pour le chrétien et pour l’Église: «Nous ne sommes pas seuls, mais enveloppés d’une grande nuée de témoins» (cf. He 12,1); avec eux nous formons le corps du Christ, avec eux nous sommes les fils de Dieu, avec eux nous serons un avec le Fils. En Christ, une intimité s’établit entre les saints et nous, plus forte que celle de nos rapports, même les plus fraternels, sur la terre: les saints prient pour nous, ils intercèdent, ils nous sont proches comme des amis qui jamais ne nous abandonnent. Et vraiment, leur proximité est capable de merveilles, car leur volonté est désormais assimilée à la volonté de Dieu, qui s’est manifestée en Christ. Ce ne sont plus eux qui vivent, mais le Christ qui vit en eux, puisqu’ils ont atteint la plénitude de toute vocation chrétienne, qui est de vouloir ce que veut le Seigneur lui-même: «Père, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse» (Lc 22,42).

Soutenus ainsi par ceux qui nous ont précédés sur ce chemin, nous découvrirons aussi les saints qui œuvrent encore sur la terre, parce que la semence des saints n’est pas proche de l’extinction: tombée en terre, elle se prépare aujourd’hui encore à donner son fruit. «Voici que je fais une chose nouvelle, déjà elle pointe, ne la reconnaissez-vous pas?» (Is 43,19).

Enzo Bianchi

Tiré de: ENZO BIANCHI, Donner sens au temps, Editions Bayard 2004

Nos racines


Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /home/monast59/public_html/templates/yoo_moustache/styles/bose-home/layouts/article.php on line 44

Lire la suite : Nos racines
Les fêtes chrétiennes
par ENZO BIANCHI
La mort est un passage, une pâque, un exode de ce monde au Père: pour les croyants, elle n’est plus une énigme, mais un mystère

2 novembre

 

Avec cette fête, nous sommes en plein automne: les arbres perdent leurs feuilles, les brumes matinales peinent à se lever, le jour se raccourcit et la lumière perd de son intensité. Et pourtant, certains coins de terre ressemblent à des prés printaniers en fleurs, animés, dans la pénombre, par la crépitation des lucioles: ce sont les cimetières. Oui, car depuis des siècles, les habitants de nos terres ont voulu qu’aux premiers jours de novembre, à la fin de la saison des fruits, une fois semé le grain destiné à renaître au printemps, l’on se souvienne des morts.

Ce sont les celtes qui ont situé à cette période de l’année la mémoire des morts, une mémoire que l’Église a ensuite christianisée, pour en faire l’une des fêtes les plus vécues et les plus ressenties, non seulement durant les siècles passés et dans les campagnes, mais encore aujourd’hui et dans les villes les plus anonymes, bien que la culture dominante tende à refouler la mort. En accueillant cette mémoire, cette réponse humaine à la «grande question» posée à tout homme, l’Église l’a projetée dans la lumière de la foi pascale qui chante la résurrection de Jésus Christ des morts, et c’est pour cette raison qu’elle a voulu la faire précéder de la fête de tous les saints, pour indiquer en quelque sorte que les saints entraînent les morts avec eux, qu’ils les prennent par la main, nous rappelant à tous que l’on ne se sauve pas tout seul. Et c’est au soir de la fête de tous les saints que les chrétiens se souviennent des morts, et plus encore qu’ils se rendent au cimetière pour les visiter, comme pour les rencontrer et manifester leur affection pour eux, en couvrant de fleurs leurs tombes: cette affection, dans ces circonstances, devient capable aussi d’assumer le mal que l’on a pu découvrir dans la vie de ceux qui nous sont chers et de l’envelopper dans une grande compassion qui embrasse nos propres ombres et celles des autres. Nous sommes nombreux à avoir, là sous terre, nos racines, notre père, notre mère, ceux qui nous ont précédés et qui nous ont transmis la vie, la foi chrétienne et cet héritage culturel, ce tissu de valeurs sur lequel, malgré de nombreuses contradictions, nous cherchons à fonder notre vie quotidienne.


Cette mémoire des morts est pour les chrétiens une grande célébration de la résurrection: ce qui a été confessé, cru et chanté au cours de la célébration des obsèques est ici présenté à nouveau, en un seul et même jour, pour tous les morts. La mort n’est plus la réalité ultime pour les hommes; et ceux qui sont déjà morts, allant vers le Christ, ne sont pas repoussés par lui mais sont ressuscités pour la vie éternelle, la vie pour toujours avec lui, le Ressuscité-Vivant. Oui, il y a cette parole de Jésus, cette promesse que rapporte l’évangile de Jean et que nous devons répéter dans notre cœur le jour de la mémoire des morts pour vaincre toute tristesse et toute crainte: «Celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas» (Jn 6,37). Le chrétien est celui qui va vers le Fils chaque jour, même si sa vie subit les contradictions du péché et des chutes, il est celui qui s’éloigne et revient, qui tombe et se relève, qui reprend avec confiance le cheminement de la suivance. Et Jésus ne le rejette pas; au contraire, en l’embrassant dans son grand amour, il lui donne la rémission des péchés et le conduit définitivement à la vie éternelle.

La mort est un passage, une pâque, un exode de ce monde au Père: pour les croyants, elle n’est plus une énigme, mais un mystère, car elle est inscrite une fois pour toutes dans la mort de Jésus, le Fils de Dieu, qui a su faire d’elle, de manière authentique et totale, un acte d’offrande au Père. Le chrétien, lorsqu’il meurt, lui qui, par vocation, meurt avec le Christ (cf. Rm 6,8) et est enseveli avec lui dans sa mort, réalise en plénitude son obéissance de créature et, en Christ, il est transfiguré, ressuscité par les énergies de vie éternelle de l’Esprit Saint.

C’est dans cette certitude, dans cette vision qui dérive de la foi seule, que la mort finit par apparaître «sœur», et qu’elle se transfigure en un acte où l’on restitue à Dieu, par amour et dans la liberté, ce que lui-même nous a donné: la vie et la communion. Pour cette raison, l’Église de la terre, en rappelant les fidèles défunts, s’unit à l’Église du ciel et, dans une grande intercession, invoque miséricorde pour ceux qui sont morts et qui se tiennent en jugement devant Dieu pour rendre compte de toutes leurs œuvres (cf. Ap 20,12). La prière pour les morts est un acte d’authentique intercession, d’amour et de charité pour ceux qui ont atteint la patrie céleste; c’est un acte dû à ceux qui meurent, parce que la solidarité avec eux ne peut pas s’interrompre, mais doit être vécue comme une communio sanctorum, une «communion des saints», c’est-à-dire de ceux, pauvres hommes et pauvres femmes, qui ont été pardonnés par Dieu.

Enzo Bianchi

Tiré de: ENZO BIANCHI, Donner sens au temps, Editions Bayard 2004

Sanctifier le temps


Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /home/monast59/public_html/templates/yoo_moustache/styles/bose-home/layouts/article.php on line 44

Lire la suite : Sanctifier le temps
Les fêtes chrétiennes
ENZO BIANCHI
«Soyez saints» signifie «soyez autres», soyez capables de vous soustraire à la séduction idolâtre quotidienne, qui empêche de voir au-delà

À certaines périodes, même la simple succession des années se colore d’accents inédits, faisant redécouvrir la nouveauté qui peut habiter jusqu’au plus ordinaire des jours. Ainsi en a-t-il été ces dernières années, lorsque la fin d’un siècle et d’un millénaire est venue réveiller des souvenirs et exciter des attentes bien plus grands que le tournant objectif constitué par le changement d’une page de calendrier. À cette occasion, aussi et peut-être surtout dans des milieux non religieux, on a prêté attention aux dates, aux anniversaires, aux mémoires, aux festivités. En cela, le christianisme, enraciné dès ses origines dans cette sage architecture du temps qu’est l’histoire du salut, dont l’Ancien Testament déjà fait le récit et que célèbrent les fêtes juives, est depuis toujours attentif à considérer l’écoulement du temps non pas comme une succession cyclique d’événements et de saisons, mais comme une occasion toujours renouvelée pour l’irruption de l’éternité dans l’histoire.

«En Jésus Christ, Verbe incarné, le temps devient une dimension de Dieu, qui est en lui-même éternel… De ce rapport de Dieu avec le temps naît le devoir de le sanctifier», a écrit Jean Paul II dans sa lettre apostolique en préparation au jubilé de l’an 2000 (TMA 10). Or que signifie «sanctifier le temps»? Avant même d’adresser à Israël l’invitation «soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint» (Lv 19,2), «au commencement» déjà de son œuvre de création, au terme de l’ouvrage des six jours, Dieu «appela», il rendit le temps saint, en faisant d’un jour, le sabbat, un jour «autre». Il est écrit en effet: «Dieu bénit le septième jour et le sanctifia» (Gn 2,3). Ceci s’est produit, selon le commentaire des rabbins, pour nous rappeler que la sanctification du temps est possible avant tout grâce à une intention du Créateur, et que la sanctification de l’homme commence lorsqu’il rend saint, autre, le temps.

«Soyez saints» signifie alors «soyez autres», soyez capables de vous soustraire à la séduction idolâtre quotidienne, qui empêche de voir au-delà, d’être «autrement», de sentir l’inénarrable, de croire à l’indicible. Par conséquent, «sanctifier le temps» signifie le vivre différemment, vivre le temps selon l’intention voulue par Dieu, cela signifie surtout affirmer non seulement qu’il y aura un jour à la fin du temps, mais que la fin, le but du temps est celui-ci: vivre en communion avec Dieu. Le temps a donc un sens précis, car le septième jour est le destin de l’homme et de toute la création: anticipation eschatologique pour l’humanité entière, le septième jour est liturgie de toute l’histoire, transfiguration du cosmos tout entier. Dans l’intention de Dieu, le temps du croyant est un temps rythmé, un temps autre et saint: scandé par un jour saint chaque semaine, le sabbat, par une année sainte chaque semaine d’années, l’année sabbatique, par une année sainte toutes les sept semaines d’années, le jubilé.


 

De cette manière, Dieu a voulu empêcher que l’on relègue la sainteté, l’être «autrement» de l’homme, dans une dimension mythique, inaccessible. C’est là le sens profond des festivités chrétiennes et, autour d’elles, du simple déroulement de l’année liturgique: de l’Avent, qui transforme la mémoire de la venue du Seigneur dans la chair en invocation de son retour dans la gloire, au temps de Noël, où cette présence de Dieu parmi les hommes se fait «épiphanie», manifestation culminant dans la dans la danse trinitaire sur les eaux du Jourdain; des quarante jours du Carême — où les chrétiens sont invités à se convertir à leur Seigneur, en retournant à lui à travers les simples gestes de chaque jour: manger, parler, lutter, partager…— jusqu’à la semaine de la Passion qui débouche sur la veille, mère de toutes les veilles, la sainte Nuit de la Résurrection; des quarante jours successifs, qui mènent à l’Ascension, jusqu’à l’accomplissement de Pâques dans l’effusion de l’Esprit, le matin de Pentecôte, et à la célébration consécutive de la communion de l’amour trinitaire. Autour de ces mystères de notre salut, illuminés par la lumière du Ressuscité et dans l’attente de la transfiguration de toute créature, nous retrouvons la Vierge Marie et Jean le Baptiste, ceux qui ont uni dans leur vie l’Ancienne et la Nouvelle Alliance, nous rencontrons Pierre et Paul, apôtres de Jérusalem aux extrémités de la terre, ainsi que tous les saints, mémoires vivantes da la bonne nouvelle de l’Évangile de Jésus.

Ainsi, formés à la foi par ces mystère liturgiques, accompagnés de la main par cette nuée de témoins, nous parvenons, en nous abandonnant dans la paix à la miséricorde du Seigneur, à redécouvrir nos humble racines, à comprendre mieux que nous ne sommes pas meilleurs que nos pères, à saisir avec sérénité que nous retournons à cette terre dont nous avons été tirés et que nous avons tant aimé. Ces pages ne voudraient être autre qu’un viatique dans la longue traversée de notre vie rythmée par les jours et les mois de l’année, une série de «lieux» où faire halte pour repenser à soi-même, au sens de notre existence, au don que représentent ceux qui nos entourent, pour pouvoir repartir ensuite, comblés de gratitude et de confiance, vers l’unique «lieu» capable de combler notre soif: le visage même de Dieu.

Enzo Bianchi

Tiré de: ENZO BIANCHI, Donner sens au temps, Éditions Bayard 2007