Sanctifier le temps


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De cette manière, Dieu a voulu empêcher que l’on relègue la sainteté, l’être «autrement» de l’homme, dans une dimension mythique, inaccessible. C’est là le sens profond des festivités chrétiennes et, autour d’elles, du simple déroulement de l’année liturgique: de l’Avent, qui transforme la mémoire de la venue du Seigneur dans la chair en invocation de son retour dans la gloire, au temps de Noël, où cette présence de Dieu parmi les hommes se fait «épiphanie», manifestation culminant dans la dans la danse trinitaire sur les eaux du Jourdain; des quarante jours du Carême — où les chrétiens sont invités à se convertir à leur Seigneur, en retournant à lui à travers les simples gestes de chaque jour: manger, parler, lutter, partager…— jusqu’à la semaine de la Passion qui débouche sur la veille, mère de toutes les veilles, la sainte Nuit de la Résurrection; des quarante jours successifs, qui mènent à l’Ascension, jusqu’à l’accomplissement de Pâques dans l’effusion de l’Esprit, le matin de Pentecôte, et à la célébration consécutive de la communion de l’amour trinitaire. Autour de ces mystères de notre salut, illuminés par la lumière du Ressuscité et dans l’attente de la transfiguration de toute créature, nous retrouvons la Vierge Marie et Jean le Baptiste, ceux qui ont uni dans leur vie l’Ancienne et la Nouvelle Alliance, nous rencontrons Pierre et Paul, apôtres de Jérusalem aux extrémités de la terre, ainsi que tous les saints, mémoires vivantes da la bonne nouvelle de l’Évangile de Jésus.

Ainsi, formés à la foi par ces mystère liturgiques, accompagnés de la main par cette nuée de témoins, nous parvenons, en nous abandonnant dans la paix à la miséricorde du Seigneur, à redécouvrir nos humble racines, à comprendre mieux que nous ne sommes pas meilleurs que nos pères, à saisir avec sérénité que nous retournons à cette terre dont nous avons été tirés et que nous avons tant aimé. Ces pages ne voudraient être autre qu’un viatique dans la longue traversée de notre vie rythmée par les jours et les mois de l’année, une série de «lieux» où faire halte pour repenser à soi-même, au sens de notre existence, au don que représentent ceux qui nos entourent, pour pouvoir repartir ensuite, comblés de gratitude et de confiance, vers l’unique «lieu» capable de combler notre soif: le visage même de Dieu.

Enzo Bianchi

Tiré de: ENZO BIANCHI, Donner sens au temps, Éditions Bayard 2007

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